Benoit Rondelet
Instagram https://www.instagram.com/benoit.rondelet.photography
L’auteur :
Je suis photographe amateur, témoin de la nature et de l’humanité. J’ai toujours été passionné par le vivant, mais mon plein engagement comme chirurgien ne m’a laissé que trop peu de temps pour la toucher véritablement.
La période de la COVID-19 m’a obligé à d’autres perspectives pour donner un sens à mon existence.
Mes clichés ne se limitent pas à figer des instants ; ils veulent ouvrir des fenêtres sur la splendeur fragile des territoires vierges et tendent un pont vers l’âme des hommes qui les habitent. Cette invitation me semble relever d’une foi profonde, où convergent une métaphysique spirituelle, un impératif moral, des connaissances scientifiques et une sensibilité esthétique. Je pense que ce qui lie l’Homme à la Nature réside dans la croyance qu’elle constitue non seulement une structure ordonnée mais aussi l’Idée d’une totalité que nous avons le devoir de respecter, qu’elle soit désignée sous le nom de Nature, d’Être ou de Création.
Je suis à l’aube de ma démarche (socio-)artistique et j’espère avoir la chance de la partager avec vous car la photographie est pour moi bien plus qu’un moyen de cueillir des images, elle m’offre un lien intime avec l’âme du monde.
L’exposition :
En protégeant les grands singes, nous préservons non seulement des espèces clés de voûte pour notre avenir, mais aussi les structures sociales et complexes qui les définissent et qui nous ramènent aux fondements de notre Humanité. Voilà le message des treize clichés captés en forêt tropicale entre Ouganda et du Rwanda.
La vitesse à laquelle disparaissent les espèces animales et végétales est actuellement alarmante et entraîne une perte considérable de la biodiversité : les taux actuels d’extinction des espèces sont estimés à 1000 fois supérieurs aux taux naturels. Les causes responsables de ce déclin sont d’origine anthropique : déforestation, extension des zones agricoles, surexploitation des ressources naturelles, changement climatique, pollutions, épidémies, braconnage, … La déforestation, qui détruit l’habitat des singes et des autres espèces de la forêt tropicale, s’accélère : il disparaît quotidiennement sur la surface de la Terre l’équivalent, en forêts, à une fois et demie la ville de Paris !
Les grands singes (bonobos, chimpanzés, gorilles et orangs-outans) sont particulièrement vulnérables en raison du taux très faible de renouvellement des générations. Les temps de sevrage sont longs. Un lent apprentissage est indispensable pour les grands singes qui vivent dans un habitat forestier instable et qui ont des relations sociales et des capacités cognitives complexes. Les guerres, le trafic minier ou le braconnage amenuisent également les populations de grand singe.
Nous devons être conscients de la valeur ajoutée des grands singes pour l’Homme. Comme nous, ils appartiennent à la famille des hominidés ; nous partageons par exemple 98,8 % de l’ADN avec les chimpanzés ! La majorité des plantes tropicales utilisent une stratégie mutualiste entre frugivores et arbres fruitiers pour disperser leurs graines. Les grands singes y contribuent très efficacement en raison de leurs régimes alimentaires hautement frugivores et de leurs grandes tailles.
Les grands singes doivent être considérés comme des « gardiens de la forêt tropicale ». Ce sont des espèces « clés de voûte » dans l’écologie des forêts africaines et asiatiques et les forêts dépendent des grands singes autant qu’ils dépendent d’elles.
Nous pouvons les sauver ! D’abord, en sensibilisant les communautés et en encourageant les projets d’économie locale fondés sur la préservation de la forêt. Il s’agit de faire passer le message très clair aux gouvernements et aux populations en Afrique : un singe vivant a une valeur plus grande qu’un singe mort ! Un touriste peut payer jusqu’à 1500 dollars pour une heure passée en compagnie des gorilles ! Rien de plus encourageant dès lors à ce que l’argent de l’écotourisme soit, aujourd’hui en Ouganda, devenu le deuxième revenu du pays ! Ensuite chacun de nous, consommateur en Occident, est responsable et peut œuvrer quotidiennement à la protection des grands singes en évitant l’achat des produits alimentaires et cosmétiques qui contiennent de l’huile de palme, ou en choisissant des produits issus de plantations durables et en barrant la route au trafic du coltan en empruntant la voie de la sobriété dans l’achat de téléphones portables ou au moins de les recycler (En France, entre 36 et 41,1 millions de portables non utilisés dorment dans nos tiroirs).
Lorsque vous réalisez la valeur de toute vie, vous vous attardez moins sur le passé et vous vous concentrez davantage sur la préservation de l’avenir.









